Anciennement la Coupe Rogers

Paul Rivard : Dans les coulisses de l’Omnium Banque Nationale présenté par Rogers à Montréal

1 août, 2022

Qui n’est pas intéressé par les dessous du sport ?

Quand je parle des dessous, c’est ce qui va au-delà des athlètes, des matchs, des pointages et du tableau d’un tournoi.

Oui, les coulisses d’un tournoi de tennis.

Rogers court in Montreal unfinished paint job viewed by the side

En parcourant le Stade IGA, situé dans l’immense parc Jarry de Montréal, au cours des semaines précédant l’Omnium Banque Nationale 2022, j’ai été témoin des préparatifs en vue du tournoi. Des grues près des deux principaux courts de compétition, des travaux de réparation et de peinture sur la plupart des terrains et des tas d’ouvriers s’affairant ici et là, par des chaleurs accablantes (ressenties entre 32 et 38 degrés).

Aux nombreuses questions qui me traversaient l’esprit, j’ai obtenu toutes les réponses auprès du directeur du Stade IGA, Nicolas Joël. Depuis la fabrication des terrains jusqu’au nombre de semaines nécessaires pour préparer le site.

(Notez que la plupart des informations fournies par M. Joël m’auraient probablement été données par Daniel Thorpe, son vis-à-vis du Sobeys Stadium de Toronto où l’on disputera simultanément la version féminine de l’OBN, du 6 au 14 août.)

LA SURFACE

Commençons par la surface sur laquelle se produisent les athlètes. En l’occurrence une surface dure, aussi connue sous l’expression « surface à revêtement acrylique ». Elle consiste en une couche d’asphalte ou de béton, de trois pouces d’épaisseur, recouverte de trois ou quatre couches de peinture acrylique.

Mais pas n’importe quelle peinture, puisqu’on y mélange une certaine quantité de sable afin de la rendre abrasive et ainsi permettre les brusques changements de direction, plus difficiles sur le gazon et encore plus difficiles sur terre battue.

« Un terrain c’est comme un vert au golf. Plein de gens ne voient pas la différence, de loin, mais les professionnels, eux, la perçoivent, explique Nicolas Joël en guise d’analogie. Et chaque joueur a ses préférences sur la rapidité, sur la hauteur du rebond et sur l’élasticité du terrain. On applique donc plusieurs couches, les unes par-dessus les autres. Et la quantité de sable qui est mélangée au liquide permettra d’arriver aux paramètres désirés. »

Operations manager checks the unfinished surface of the Centre Court in Montreal

Et, ce n’est pas une grande primeur, sachez qu’on a consulté Félix Auger-Aliassime afin de savoir quelle était sa préférence pour l’édition 2022. « Médium rapide », m’a glissé Valérie Tétreault, directrice des communications, accompagnant sa réponse laconique d’un clin d’œil. Histoire de préciser qu’elle ne pouvait en dire plus.

Tennis ball on blue tennis court

Les surfaces du Stade IGA sont donc entièrement repeintes, annuellement, pour offrir ce qu’il y a de mieux aux célèbres visiteurs. Sur tous les courts de compétition et les courts secondaires d’entraînement.

Side courts in the montreal national Bank Open site

Mais, après quelques années d’utilisation, certains courts ont besoin d’être carrément refaits. C’est une opération appelée « scarification » et le court Rogers, le deuxième en importance à Montréal, a subi ladite opération trois semaines avant le début des activités.

Court Rogers being painted for the National bank Open

« On retire toutes les couches qui se sont accumulées pour se retrouver jusqu’à l’asphalte, explique Nicolas Joël. On refait même des correctifs, au besoin, pour ensuite égaliser le tout et repeindre. Un terrain de tennis, ça subit des transformations, surtout en raison de notre climat. L’eau, le gel et le dégel, sont autant de facteurs qui font réagir la surface et sa peinture, que se soit des fissures ou la formation de bulles. »

Quant à l’intervalle de cette scarification, ça dépend de chaque terrain. Le Central a été refait l’an dernier. Sept des dix autres courts d’entraînement l’ont été entre 2019 et 2020. Pour les professionnels, il est important qu’il y ait une uniformité entre ces courts d’entraînement et ceux où ils disputeront d’importants matchs.

LES RÉFLECTEURS

Les deux courts principaux, accueillant la grande majorité des matchs, sont dotés d’un éclairage à la fine pointe, converti à la technologie DEL.

« Cette technologie est celle du fournisseur MUSCO, la même qui est déployée aux Internationaux des États-Unis, à Indian Wells et à Wimbledon, précise le directeur. Au-delà des gains d’énergie, elle nous permet d’optimiser nos installations et de rencontrer à la fois les critères des circuits professionnels et notre usage régulier. Cet éclairage est dynamique et concentré sur la surface de jeu, mais il est aussi plus performant pour les captations télévisuelles. Sa programmation, plus polyvalente, nous permet de faire varier l’éclairage de 500 à 3500 lux (unité de mesure). »

Tennis Canada terminera la conversion de l’éclairage pour les 10 autres courts secondaires dès septembre prochain.

DÉLAIS DE LIVRAISON

Un tournoi de cette envergure, ça se planifie dès la fin d’une édition et pour les 12 mois suivants. Mais c’est à partir de la mi-juin que s’amorce une véritable course contre la montre en ce qui concerne les installations. On procède par étapes, bien sûr, et l’une des premières, vitale, concernera la réfection des terrains.

« Nous devons toujours prendre de l’avance, car il ne nous est absolument pas permis de ne pas livrer ces courts au Jour 1. Impensable ! », insiste Nicolas Joël.

Petit à petit, toutes les activités régulières cessent, même à l’intérieur. Car il faut rappeler que le complexe du Stade IGA sert également de Centre national d’entraînement, tant pour le tennis extérieur qu’intérieur. Et tous ces courts, sauf les deux principaux, sont également ouverts au grand public de la ville de Montréal, à l’année.

Ainsi, la bâtisse qui abrite les 14 terrains en surface dure et les trois terrains en terre battue change de vocation et se transformera alors en espaces multifonctionnels.

Qu’il s’agisse de la restauration à l’intention des commanditaires, des membres des médias et… des joueurs. Les athlètes y auront aussi leurs quartiers, incluant salon, gym, cubicules pour traitement de blessure ou de massothérapie.

Fait non négligeable, le Stade IGA et ses composantes se situent dans un grand espace de verdure, réservé au grand public, le parc Jarry. Il faut donc attendre la date correspondant à 21 jours avant le tournoi pour installer ces clôtures temporaires qui sépareront l’espace public (étendues de verdure et piscine) des environs du stade dont l’accès nécessitera des billets et des accréditations. Ces clôtures sont indiquées dans les zones entourées de rouge sur cette photo.

Dans le dernier mois précédant le tournoi, l’équipe n’a pas vraiment de journée de repos. Cette année, l’ouverture du site se fera une journée plus tôt, soit le vendredi 5 août, sorte de préouverture avant le « Week-end de la famille », une fin de semaine très populaire d’activités permettant une accessibilité accrue au public.

« On devrait terminer notre boulot de préparation dans la nuit précédente, à quatre heures du matin », lance Joël avec un petit sourire en coin. Malgré cette ouverture devancée, la journée du vendredi nous permettra d’apporter les derniers ajustements et d’ajouter de la finition dans différents secteurs qui ne seront pas encore utilisés. »

Comme au théâtre ou sur un plateau de télévision ou de cinéma, une visite dans les coulisses est un voyage fascinant. Ensuite, nous ne regardons plus les prestations avec le même œil. Et on apprécie encore plus l’expérience.

C’est le principe du canard.

On est attiré par la beauté du volatile qui glisse sur l’eau en toute quiétude. Mais sous la surface, il y a deux palmes qui travaillent sans cesse pour le faire avancer…

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